Photovoltaïque au sol La guerre pour le foncier a débuté
Le projet de loi de modernisation prévoit d'interdire les champs de panneaux solaires s'ils nuisent à l'activité agricole ou aux paysages. En attendant, des projets pharaoniques voient le jour.
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La centrale de Gabardan (conçue et installée par Exosun) couvrira bientôt 317 ha. Les panneaux solaires grignotent petit à petit forêts, friches et terres agricoles. Photo: Exosun
A perte de vue, des centaines de rangées de panneaux, de 1.200 mètres chacune. La future plus grande centrale photovoltaïque d'Europe grignote peu à peu la forêt landaise.
C'est à la suite de la tempête de 1999 et après la découverte de champignons toxiques nuisibles aux pins que la communauté de communes de Gabardan (nord-est des Landes) a décidé, en octobre 2007, de signer avec EDF énergies nouvelles une promesse de bail portant sur la mise à disposition de 317 hectares pendant quinze ans. Les premiers raccordements sont prévus pour juin 2010.
« La forêt défrichée appartenait à la commune et était gérée par l'ONF, explique Serge Jourdan, le responsable du projet. Les sols traditionnellement marécageux ont été drainés pour permettre l'implantation des panneaux au sol. »
Avec 317 ha de panneaux au sol, le spectacle est pour le moins étonnant. Pourtant, ils occupent seulement 0,70 % du territoire de la communauté des communes et pourraient prendre des proportions pharaoniques dans les années à venir : 6.000 ha sont susceptibles d'être équipés dans les Landes. « Des surfaces qui risquent d'être prises sur les terres agricoles », concède Serge Jourdan.
« C'est dangereux de réduire la différence entre la rentabilité du photovoltaïque au sol et sur les bâtiments. Cela entraînera une spéculation foncière et privera à terme les jeunes de leur principal outil de production, la terre », estime William Villeneuve, président de Jeunes Agriculteurs à propos des nouveaux tarifs.
Obstacle à l'installation
Le foncier va devenir de plus en plus rare dans un département où la surface agricole utile est déjà limitée (24 % d'un territoire aux deux tiers forestier). La situation est critique pour les jeunes qui souhaitent s'installer.
En 2005, Loïc Man a repris 40 ha de maïs. Pour vivre de son métier, il a besoin de s'agrandir. « Je ne peux pas m'aligner sur les prix que les propriétaires peuvent espérer en se lançant dans le photovoltaïque », regrette-t-il.
Les organisations professionnelles lancent un appel urgent aux élus locaux pour veiller au foncier agricole.
Compensations pour l'environnementEDF et l'ONF ont mené une étude d'impact sur l'environnement qui a permis d'élaborer des mesures compensatoires. Au chapitre des précautions environnementales, les communes concernées se sont engagées à compenser le déboisement des parcelles. Deux méthodes sont envisagées : l'acquisition de forêts privées et le boisement de terrains non forestiers, consacrés jusqu'à présent à la friche ou à l'agriculture. |
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